Il fait beau, le soleil brille. En ce matin du 10 novembre 2022, nous nous dirigeons gaiement vers Saint Jean du Gard. Le but de notre visite est la découverte du musée des Vallées Cévenoles dit “Maison Rouge”.
Après avoir traversé un petit jardin botanique un peu rabougri en cette saison, nous découvrons un magnifique bâtiment en pierres, sobre et austère, avec une extension contemporaine très réussie qui nous mène vers un escalier magistral. C’est une ancienne filature construite entre 1836 et 1838 qui a été la dernière à fermer ses portes en 1965. En 2010, le Ministère de la Culture et de la Communication retient un projet d’accueillir les collections du musée des vallées cévenoles. Le musée ouvre en 2017. C’est ainsi que l’on retrouve quelques 10 000 objets de la vie quotidienne des Cévenols entre le 18ème et 20ème siècle (sans oublier le premier collectionneur Daniel Travier qui a consacré plus de 50 ans à ces collections).
C’est un musée de “société” dont le but est de valoriser le patrimoine matériel et immatériel de la région des Cévennes. On commence la visite par un espace bibliothèque : la bibliothèque de la famille Soubeyran , notables cévenols protestants avec des œuvres de Voltaire, Rousseau, Montesquieu….
On poursuit dans d’autres salles où l’on trouve tous les objets et outils agricoles à travers la chasse, la cueillette, la pêche, le travail de la terre : tous ces outils utilisés par ces générations d’agriculteurs pour leur travail long et pénible où le pays a été construit par la main de l’homme : fourches, greniers à grains, échelles, paniers, pressoirs, cuves, chaussures pour décortiquer les chataignes ou “soles”, clèdes, coffres, etc…. (il y en a 10 000, je ne peux tous les nommer) !! les animaux avaient également une place très importante pour la nourriture et le travail : ce qui permettait de vivre en autarcie : moutons, chèvres, cochons, abeilles.
Il ne faut pas oublier l’artisanat : sabotiers, serruriers, forgerons, maréchaux-ferrants, potiers (vases d’Anduze), qui permettaient au milieu rural de fournir les outils et objets divers indispensables.
Puis vient la découverte de la filature : les Cévennes ont connu leur âge d’or grâce à la soie et la sériciculture. Au 19ème siècle, la culture des mûriers change les paysages et le développement des magnaneries modifie la façon de vivre des cévenols (23 filatures à Saint Jean du Gard – plus de 1000 femmes y travaillent) .
Dans cette immense pièce aux grandes baies laissant passer la lumière, des chaudières produisant de la vapeur, permettaient de chauffer les bassines où les cocons étaient évidés. Hélas, vers 1853 les maladies ruinent les productions de vers à soie. On fait appel à Louis Pasteur pour étudier cette maladie appelée “pébrine” : il met au point un procédé pour sélectionner les oeufs sains.
Mais la concurrence des soies importées (Chine) et des textiles artificiels et synthétiques font que cette industrie va mourir dans les années 1960.
Comme de bien entendu, un petit tour vers la boutique avant de nous rendre au restaurant “l’Oronge” qui se trouve à 2 pas. Une petite sieste dans le bus qui nous emmène vers Saint Hippolyte du Fort et nous voici en pleine forme pour la visite du musée de la soie.
Nous craignions que ce musée ne soit une répétition des explications du matin : que nenni ! l’ambiance est complètement différente – on y présente toutes les étapes de transformation du fil de soie : de l’élevage du ver à soie jusqu’à l’étoffe. C’est un petit musée (association loi 1901) ouvert en 2013.
Notre guide nous explique l’évolution de l’élevage du ver à soie : de la graine dès le mois d’avril (au moment de la repousse de la feuille de mûrier) – jusqu’au moment où la chenille atteint 9 cm et grimpe sur des branches de bruyère où elle fabrique son cocon autour d’elle. Elle devient chrysalide puis papillon si on ne stoppe pas son évolution.
Un film d’archive complète la visite. Nous faisons le tour de la salle où nous retrouvons l’étape de la filature avec la fabrication du fil de soie à partir des cocons (dans 1 cocon environ 1km de fil) – le tissage et le tricotage avec des machines d’époque. Quelques belles réalisations de bas de soie, cravates, robes sont exposées.
Nous faisons un passage dans la boutiques où sont mis en vente de jolies écharpes, pulls, chaussettes etc….. des créations fabriquées par des artisans locaux, à la main et en France. (nous retrouverons de belles écharpes au cou de nos belles adhérentes !!)
Voilà une journée bien remplie : nous avons voyagé dans le temps, pris conscience de l’évolution d’un peuple à travers la mémoire de ses objets et de son savoir faire. Le monde change il faut sans cesse se réadapter.
Francette Pohl
Photos : René POHL
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