Ce jeudi 8 décembre 2022, une quarantaine d’adhérents suivent avec application mais bien emmitouflés, la jeune guide qui nous fait découvrir Lunel, ville que beaucoup connaissent mais dont ils ne soupçonnent pas l’histoire très ancienne. Beaucoup d’informations qui se rattachent à l’historique de la ville sont le fruit de suppositions liées à la découverte de vestiges passés.
Lunel aurait été construite au Moyen Âge par le seigneur de Gaucelm qui créa un castrum trouvant la région très fertile, proche de la mer (donc de l’Espagne pour commercer) et de la Via Domitia. Le village Lunel existait déjà ; il fut décidé d’appeler l’ancien village Lunel Viel et le nouveau castrum Lunel Novo qui, dans le temps, devint tout simplement Lunel.
Les vestiges de cette époque sont le cours Valatoura, la porte Notre-Dame qui séparait le bourg de son extérieur, la Tour qui devint une prison. Cette tour servit à emprisonner des prêtres catholiques durant les guerres de religion, Lunel ayant à cette époque une majorité protestante. Ensuite la tour servit de prison pour les petits délits, pour un emprisonnement transitoire. Notre déambulation nous conduit devant une maison restaurée qui date du Moyen Age avec des ouvertures au rez-de-chaussée avec un arc brisé de style gothique et aux fenêtres gémellaires des restes de blason rappelant la royauté mais aussi que Lunel fut au moment de la persécution des Juifs en Espagne, un refuge pour les intellectuels pourchassés. L’histoire juive de Lunel prend fin au début du XIVe siècle, lorsque les juifs sont chassés du Languedoc par Philippe le Bel avec installation d’un viguier.
Notre prochaine étape est la Chapelle des Pénitents Blancs, fondée avec un couvent attenant par les Carmes, au XIIIe siècle. La chapelle a été construite en plusieurs fois et a été restaurée à différentes époques. Les vitraux, de la deuxième moitié du XIXe siècle, sont signés du maître-verrier Brunet de Montpellier. A l’extérieur on peut voir le clocher d’origine, des murs anciens et l’emplacement du cimetière.
La place des Caladons constitue l’ancienne place du marché et comprend sept voûtes. On peut y voir la croix des Templiers et une tête d’angelot et une coquille (le chemin de St Jacques passe tout près à Villetelle). A côté se trouve le musée de Louis Medard qui abrita l’ancien Hôtel de Ville. Louis Medard (1768-1841) a consacré une grande partie de sa vie à édifier une collection de livres rares et précieux, dans la perspective de la léguer à sa ville natale. Toute sa bibliothèque porte les marques de cette double vocation de bibliophile et d’éducateur.
Nous entrons dans l’église Notre-Dame du Lac : son nom fait référence au sol marécageux de la région de Lunel. A l’emplacement de l’actuelle église Notre Dame du Lac se trouvait une église située hors de la première enceinte des remparts. En 1621, l’église paroissiale fut détruite. La reconstruction de Notre Dame du Lac fut achevée à la fin du XVIIe siècle avec les pierres du temple de Lunel. Son clocher médiéval, repose sur une ancienne tour de guet du VIe siècle. C’est la raison pour laquelle il n’a pas été détruit pendant les guerres de religion. De chaque côté de la nef se trouvent cinq chapelles. Dans la première chapelle située à gauche en entrant dans l’église se trouvent les fonts baptismaux. Datés du XVIIIe siècle, ils représentent le baptême du Christ par Saint Jean Baptiste. L’ensemble était recouvert d’un ciel bleu étoilé dont il subsiste des traces. Dans la quatrième chapelle dite chapelle de Saint Gérard, un tableau représentant le saint patron de Lunel est exposé. Cette peinture, Bienheureux Gérard de Lunel, date du premier quart du XIXe siècle. Elle est classée au titre objet des Monuments historiques et de fait propriété de la commune. Dans une des chapelles la grotte de Lourdes a été représentée. Un orgue Cavaillé-Coll est installé sur la tribune, au-dessus du portail d’entrée. Il date de 1856. Propriété de la commune, la partie instrumentale est classée au titre objet des Monuments historiques depuis le 11 mai 1977. La restauration de 1994 a permis de compléter l’orgue dans l’esprit du facteur de l’époque, étendant ainsi les possibilités de l’instrument. Il est utilisé régulièrement.
Sur notre chemin nous passons devant les Halles couvertes, en brique et en fer, conçues au XIX siècle par Victor Baltard comme les Halles parisiennes.
La visite ne comprenait pas l’intérieur de la tour qui a longtemps servi de prison. Cependant certains ont pu y accéder en visite libre. Plus de 300 inscriptions ont été découvertes sur les murs, le sol et les menuiseries. Ce sont de nombreux messages qui cohabitent avec les dessins de croix, d’ostensoirs, de symboles religieux de blasons, de cœurs, ou de soleil gravés par les prisonniers jusqu’en 1917. On y trouve aussi des noms, prénoms avec l’année de détention gravés par des détenus. Certains messages clament l’injustice et la souffrance des détenus
Grâce à cette visite nous avons découvert Lunel : La position centrale de Lunel au carrefour de plusieurs voies terrestres ou fluviales, en a fait une plaque tournante du commerce régional. Grâce à l’achèvement du canal en 1728, le commerce lunellois connaîtra un siècle de prospérité. Nous avons pu découvrir les Hôtels particuliers, la maison gothique, l’église Notre-Dame du Lac, la chapelle des Pénitents, la place voûtée des Caladons… tous les témoignages d’un passé riche et glorieux de la cité pescalune. Actuellement Lunel compte 26 627 habitants.
Thérèse Combes
Merci à Thérèse pour ce résumé très complet. Merci encore à toutes ces personnes qui acceptent de faire vivre ce blog tout au long de l’année et permettent à celles et ceux qui n’ont pas fait la sortie de nous suivre au long de nos périples.
Photos : René P