Sortie du 7 Mars 2024 : Lodève
Départ en bus depuis St Georges d’Orques (2ème étape avant la destination terminale), sous un beau soleil : direction Lodève par l’autoroute A750.
Arrivés à destination après 45 minutes de trajet sans encombre.
2 groupes, d’égale importance en nombre, sont alors constitués ; ils visiteront tour à tour :
- La Manufacture de la Savonnerie ;
- Une exposition d’art brésilien au Musée de Lodève.
A – La Manufacture de la Savonnerie
Situé à l’entrée Est de la ville de Lodève, la manufacture est implantée dans des bâtiments construits en 1989 ; les façades sont à l’heure actuelle en cours de rénovation.
2 espaces composent le lieu qui se visite :
- Le RDC dédié à l’exposition d’œuvres achevées ;
- Le 1er étage lieu de confection des tapis et tapisseries.
Un peu d’histoire : pourquoi Manufacture de la Savonnerie ?
C’est LOUIS XIII, roi de France, qui développe la manufacture royale des tapis en installant les ateliers de fabrication sur les bords de Seine, au pied de la colline de Chaillot, dans les bâtiments d’une ancienne fabrique de savon, d’où le nom de Savonnerie, qui depuis désigne les tapis réalisés selon la technique du point noué, dit « de Turquie ».
La manufacture nationale de tissage de tapis de Lodève s’est établie en 1964 dans une région de tradition textile très ancienne (drap de laine). Lodève se spécialise et obtient le monopole de la production des draps pour l’armée et les administrations 2 siècles durant (XIXe et XXe siècle). Cette industrie disparait définitivement en 1960.
En 1964, le service de reclassement des Français musulmans du ministère de l’intérieur établit à Lodève un atelier de tissage de tapis de haute laine, pour employer, après formation, les femmes de Harkis rapatriés dans le cadre « d’un complément de revenus ».
En 1966, l’atelier de Lodève est rattaché à l’administration du Mobilier National, service de l’Etat crée en 1964 par André MALRAUX dépendant du Ministère des Affaires Culturelles.
Les licières, après avoir suivi une formation de 4 ans après le baccalauréat, sont depuis lors fonctionnaires d’état.
Les tapis de savonnerie sont exécutés sur un métier vertical dit « de haute lisse ».
Le tissage d’un tapis nécessite l’enchainement d’un grand nombre d’opérations ; la réalisation, selon les œuvres à reproduire, dure de 12 mois à ….7 ans !
Le licier travaille devant le métier à contre-jour, sur l’endroit du tissage de manière à voir le « carton » (dessin de l’œuvre à reproduire), et l’ouvrage face à la lumière. Le modèle en grandeur réelle est placé au dessus de sa tête ; pour la réalisation du tissage, celui-ci s’appuie sur des calques (écriture technique de l’œuvre) qui lui permettent de reporter l’essentiel du carton à l’encre sur les fils de chaîne.
La succession des points noués de laine, reliés entre eux par une boucle, construit, à chaque nouvelle rangée l’image tissée du tapis. Le licier passe et noue la laine au moyen d’une broche. Une armature de lin tissée horizontalement ou entre chaque rang de nœuds permet de boquer ces derniers.
Ensuite vient la tonte ; ce n’est qu’une fois les boucles coupées que le velours apparait. A l’aide de ciseaux, le licier opère alors un démêlage des brins de laine et procède à une première tonte pour étêter les boucles avant de réaliser la tonte finale en s’appuyant sur des planchettes en bois (gabarit) pour obtenir la régularité du velours souhaitée.
La dernière étape est le travail de finition réalisé l’aide de la pointe de ciseaux ; cette étape ultime, longue et délicate, va remettre tous les brins de laine de couleur à leur place.
Les tapis réalisés à la manufacture de Lodève portent tous le monogramme L et sont réservés à l’usage exclusif de l’ameublement des Palais de la République (Elysée, Sénat, Matignon), Ministères, Préfectures, Sous-Préfectures et Ambassades).
A noter qu’une œuvre terminée, commandée par l’Elysée, se trouve être en exposition au 1er étage, à la « tombée des métiers » de la Savonnerie avant livraison imminente.
B – Art Brésilien au Musée de Lodève
Réparties en 7 lieux, 100 œuvres d’art brésilien du XXe siècle (peintures et poteries), appartenant à un collectionneur privé, étaient exposées au sein du Musée de Lodève.
La collection montre les multiples facettes de l’identité du Brésil.
Une cinquantaine d’artistes, au moyen d’un art libre et inventif (Art Naïf) nous livrent leur rapport intime avec un territoire qui les a forgés.
Sont ainsi évoqués :
- La foret amazonienne (COLACO, RANCHINHO, SILVIA) ;
- La ville (RANCHINHO, SILVIA)
- Le travail de la terre : aridité et déforestation (IVONALDO)
- La Religion (MIRANDA peintre qui a commencé sa carrière d’artiste à l’âge de 61 ans) et Les rassemblements (Mariages, Jeux (football)
- La musique et les danses (Carnaval, Samba, Frévo)
- L’art populaire matérialisé par des poteries
- L’imaginaire imprégné de culture indienne et africaine.
L’exposition est un véritable voyage coloré dans l’immensité du Brésil.
Murielle et Robert Carmona