FACTEUR CHEVAL – CHÂTEAU DE GRIGNAN

LE PALAIS IDEAL DU FACTEUR CHEVAL
Jeudi 7 Avril, 06 H45, malgré l’absence d’une personne inscrite, nous prenons le départ pour 3 heures de route vers HAUTERIVES, conduits par notre chauffeur Frédéric.

HAUTERIVES, charmant petit bourg de la Drôme doit sa renommée au fameux Palais idéal du Facteur Cheval, aujourd’hui classé aux Monuments Historiques.
Elevé entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe par Ferdinand CHEVAL, facteur de la commune qui va consacrer 33 ans  de son existence à modeler  sans relâche, un monument inspiré par la nature qu’il traverse chaque jour, par les magazines illustrés qu’il distribue durant ses tournées et enfin par les cartes postales nouvellement apparues. Parcourant chaque jour une trentaine de kilomètres pour ses tournées en pleine campagne, il va ramasser des pierres, aidé de sa fidèle brouette.
Imposant et original, d’une grande richesse ornementale, son palais présente plusieurs styles sur différentes façades.
C’est par la façade Est que tout commence. Au centre, une fontaine « La Source de Vie » entourée par un lion et un chien sera la 1ère construction réalisée par le Facteur Cheval. Avec frénésie, il ajoute fontaines, grottes, temples en accumulant pierres, coquillages et mortier de chaux. A droite, il ajoute un tombeau égyptien avec la volonté d’y être enterré avec son épouse, ce qui lui sera refusé.
A gauche, le temple hindou avec une niche où se dissimule sa célèbre et fidèle brouette. Les 3 géants terminent la façade. Il est écrit 1899, Ferdinand Cheval a passé 20 ans à la réalisation de ce côté Est.
C’est à la façade Sud que Ferdinand Cheval décide de placer son Musée antédiluvien, une grotte dans laquelle le Facteur Cheval amoncelle les pierres en attente de trouver une utilité dans l’œuvre en construction.
La façade Ouest amène au voyage. Grâce aux illustrations de son époque, Ferdinand Cheval reproduit dans des niches un Chalet suisse, un temple Hindou, la maison blanche, la maison Carrée d’Alger, un Château au Moyen-Age. Une Mosquée ouvre sur la partie intérieure du Palais idéal, la Galerie.
Sur les colonnes de style classique, il écrit les lettres : C H E V A L, en guise de signature de son œuvre.
La Galerie, long couloir intérieur, est peuplé d’un bestiaire extraordinaire : dromadaire, ours, éléphant, chat, loup, flamant sont modelés en bas-reliefs.
Le poème « Ton idéal, ton Palais » de Emile Roux Parassac, et inspirant le nom du monument au facteur Cheval, est inscrit à l’entrée de cette Galerie.
Trois escaliers mènent à la Terrasse, c’est là que Ferdinand Cheval installe sa « pierre d’achoppement », la première pierre sur laquelle il trébuche et lui inspire le Palais idéal. Au sommet du Palais, entre figuiers de Barbarie et aloès, s’élève la Tour de Barbarie. Un réservoir d’eau permettait en son temps d’alimenter le Palais et sa fontaine « la Source de Vie » en eau. Seuls quelques visiteurs au temps de Ferdinand Cheval ont pu assister à ce spectacle. L’eau endommageant trop l’édifice, le système a dû être condamné.
La façade Nord est l’aboutissement de 33 ans de travail. La pieuvre sculptée à l’angle Ouest est le point final de l’œuvre. A l’opposé Est, il en écrit le bilan : « 10 000 journées, 93 000 heures, 33 ans d’épreuves, plus opiniâtre que moi se mette à l’œuvre »
D’une grande richesse ornementale, peuplée d’animaux et autres bêtes mythologiques sous le regard d’Adam et Eve, la façade Nord fait écho à la dernière œuvre du Facteur Cheval, son tombeau du silence et du repos sans fin, au cimetière de Hauterives.

Après avoir terminé son Palais Idéal, à l’âge de 76 ans, Ferdinand CHEVAL a encore trouvé la force d’édifier pendant 8 ans,  son tombeau situé au cimetière de la paroisse d’Hauterives

Le site reçoit chaque année de nombreux visiteurs. Succès encore grandissant depuis la parution du film de  Nils Tavernier « L’incroyable histoire du facteur Cheval » en 2017 et grâce à l’interprétation sans faille de Jacques Gamblin, totalement habité par ce rôle de doux rêveur et de Laetitia CASTA dans le rôle de l’épouse.

Nous sommes tous impressionnés par le travail réalisé et  enchantés par cette visite, mais nous devons reprendre la route vers le restaurant, direction ROUSSAS.

« LA TABLE DE ROUSSAS » nous accueille avec un délicieux menu et un service convivial.
 Début d’après-midi, départ pour notre deuxième visite.

LE CHATEAU DE GRIGNAN
Nous avons rendez-vous au Château de Grignan, dans la Drôme provençale. Le château se situe au sud-est de Montélimar, entre Valence et Avignon.
C’est un château du XIIe siècle construit sur un piton rocheux dominant le village de Grignan. Nous y accédons par des ruelles escarpées qui serpentent jusqu’au sommet. Depuis sa terrasse, une vue incroyable sur la région. On aperçoit le Mont Ventoux.
Nous sommes accueillis par nos guides dans le grand hall d’entrée, sous l’escalier d’honneur et partons ensuite en deux groupes pour la visite de ce monument grandiose.
Bâti au moyen âge,  le château de la famille de Grignan a connu une histoire mouvementée.  Château fort au 11e siècle, il est transformé à la Renaissance en une prestigieuse demeure de plaisance par la famille des Adhémar. En 1669, le Comte François de Castellane Adhémar de Monteil épouse Françoise Marguerite de Sévigné, fille de la Marquise de Sévigné. IIs quittent Paris et s’installent définitivement au château qui connaît alors de nombreux aménagements et constructions dont les terrasses.
La séparation entre la Marquise et sa fille bien aimée marque le début de leur correspondance. La Marquise fera de nombreux séjours au château pour y retrouver sa fille et c’est à cet endroit qu’elle s’éteindra en 1696. Son tombeau est abrité dans la Collégiale Saint Sauveur, située juste au-dessous du château.
Réduit en ruines et laissé à l’abandon à la Révolution, il faudra attendre le XXe siècle pour que le château puisse enfin  être sauvé. Madame Marie Fontaine entreprend alors un vaste chantier qui durera plus de vingt ans. Elle remet en état le château en respectant l’architecture de l’Ancien Régime. Elle aménage également l’intérieur en faisant l’acquisition de mobilier d’époque.
En 1979, ses héritiers vendent le château  au Département de la Drôme qui en est l’actuel propriétaire et qui poursuit un programme ambitieux de restaurations et d’acquisitions.
Certaines pièces sont reconstituées avec le décor d’antan et nous plongent dans l’atmosphère de la vie de château avec notamment, ses immenses pièces de réception. La visite permet de découvrir toute la richesse du mobilier : meubles, tableaux, tapisseries d’Aubusson…
Mais c’est essentiellement la renommée des lettres de Madame de Sévigné qui contribuera à faire du château un haut lieu de l’histoire régionale et attirera de nombreux visiteurs.
Le château a été classé Monument historique en 1993 et labellisé Musée de France.Il propose aujourd’hui une programmation culturelle tout au long de l’année                   C’est le moment de reprendre notre bus et de rentrer.

Une journée riche et très agréable. Seuls manquaient un peu de soleil et les lavandes pas encore en fleur.
Sylvie Pintre.

Un peu d’humour avec le petit poème qui suit. (un peu olé olé pour l’époque)         Lettre de Mme de Grignan à sa mère Mme de Sévigné qui vivait au château des Rochers à Vitré (35).

Ah ! vous dirais-je Maman 
à quoi nous passons le temps
avec mon cousin Eugène ? 
Sachez que ce phénomène 
nous a inventé un jeu auquel
nous jouons tous les deux. 

Il m’emmène dans le bois
et me dit: “déshabille-toi ” . 
Quand je suis nue tout entière,
il me fait coucher par terre,
et de peur que je n’aie froid
il vient se coucher sur moi. 

Puis il me dit d’un ton doux :
“Écarte bien tes genoux”
Et la chose va vous faire rire.
Il embrasse ma tirelire !
 
Oh ! vous conviendrez,
Maman, qu’il a des idées vraiment…. 

Puis il sort, je ne sais d’où,
un petit animal très doux. 
Une espèce de rat sans pattes 
Qu’il me donne et que je flatte. 
Oh ! le joli petit rat ! 
D’ailleurs il vous le montrera. . 
Et c’est juste à ce moment
Que le jeu commence vraiment

Eugène prend sa petite bête 
Et la fourre dans une cachette 
Qu’il a trouvée, le farceur,

où vous situez mon honneur….

Mais ce petit rat curieux,
très souvent devient furieux.
Voilà qu’il sort et qu’il rentre, 
Et qu’il me court dans le ventre.
 
Mon cousin a bien du mal 
à calmer son animal. 

Complètement essoufflé,
Il essaye de le rattraper.
Moi je ris à perdre haleine
devant les efforts d’Eugène. 
Si vous étiez là Maman, 
Vous ririez pareillement. 

Au bout de quelques instants 
Le petit rat sort en pleurant. 
Alors Eugène qui tremblote
le remet dans sa redingote.
Et puis tous deux nous rentrons
sagement à la maison

Mon cousin est merveilleux
Il connaît des tas de jeux. 
Demain soir sur la carpette
il doit m’apprendre la levrette. 
Si vraiment c’est amusant,
je vous l’apprendrai en rentrant. 

Voici ma chère Maman 

Comment je passe mon temps.
Vous voyez je suis très sage.
Je fuis tous les bavardages.
J’écoute vos leçons.
Je ne parle pas aux garçons.

 

Mme de SEVIGNE(1626-1696)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 réflexions sur « FACTEUR CHEVAL – CHÂTEAU DE GRIGNAN »

  1. Il est certain que je ne connaissais que le côté écrivain de la correspondance de Mme de Sévigné qu’on nous enseignait à l’école. Donc je découvre le côté coquin qui n’est pas déplaisant du tout. Merci à Michel BLEYNET.

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