Visite du musée saharien du Crès3 décembre 2015
Il fait un peu frisquet ce jeudi 3 décembre devant le Musée du Sahara au Crès.
Nous sommes près de quarante à attendre sagement, blottis dans nos manteaux, le changement radical de climat que nous promet notre visite.
A 14 h30, le miracle se produit. Les portes s’ouvrent enfin sur un univers captivant, haut en couleurs. Bernard Adell, le maître des lieux nous y accueille. C’est son œuvre et il peut en être fier. Mécanicien de formation, ce qui l’a parfois aidé au cours de ses périples, il est tombé amoureux du désert et il l’a parcouru en tous sens, de l’Algérie à la Mauritanie, en passant par le Mali et le Niger, à la rencontre des peuples nomades qui en sont les gardiens et avec qui il a noué des contacts chaleureux. Il connaît tout de leur histoire, de leurs coutumes et de leurs traditions.
C’est de là qu’il a ramené un à un, et dans des conditions qui seraient aujourd’hui impensables, la plupart des trésors qui peuplent son musée. Intarissable, il s’attarde longuement sur chacun d’eux pour nous en expliquer les origines et la manière dont les nomades les utilisaient. Il illustre ses explications de multiples anecdotes qui leur donnent vie.
Les lances, les épées et les boucliers imposants en peau d’Oryx des Touareg ainsi que de multiples fusils à canon long dont certains finement ouvragés, viennent nous rappeler que ces « hommes bleus », ainsi nommés du fait de la pigmentation bleu indigo de leurs turbans, sont un peuple rude, dont l’histoire a été jalonnée de combats.
Le musée fourmille d’objets artisanaux anciens les plus divers, soigneusement rangés dans des vitrines. Certains sont l’œuvre des Dogon, peuple animiste qui vit dans les vallées. Les sculptures en bois d’acacia et de tamarinier viennent du Niger, les poteries en terre cuite de Mauritanie. On y trouve aussi un étrange « verre libyque », gemme façonnée par la chute d’une météorite qui a vitrifié le sable du désert libyen.
Dans cette caverne d’Ali Baba, nous remarquons aussi des bâts de dromadaire, des burnous, des sacs, des instruments de musique (coras) une collection exceptionnelle de fanions de régiments parmi les prestigieux, et même des morceaux de l’avion du Général Laperrine, qu’une panne de carburant a contraint de se poser en plein désert. Mais le plus impressionnant, après le dromadaire grandeur nature qui trône avec son chamelier à une place d’honneur, est sans doute cet alignement unique de soldats revêtus de l’uniforme de leur régiment : zouaves, spahis, chambas, tirailleurs sénégalais…
Tous ces uniformes impeccables, élégants, colorés témoignent du soin particulier qu’on apportait à l’apparence qui marquait l’identité et faisait la fierté de chaque régiment.
Un dernier regard sur les magnifiques photographies sahariennes qui ornent les murs. Elles ont été prises par Alain Sebe, Jean-Marc Durouet par Bernard Adell lui même.
Bernard Adell n’est plus propriétaire du garage qui jouxte le musée et qui porte son nom. Il l’a vendu à ses salariés et se consacre désormais à sa passion. Vraiment, quelqu’un de remarquable.
Et un après-midi qui restera gravé dans nos mémoires.
Merci à Christian Toulza pour son compte-rendu et ses photos.